KAHORI
Photographe Vidéaste
En juin 2021, en pleine période de restrictions, Kahori réalise sa première exposition, intitulée « Night Life : Préambule ». C’est dans un tout autre contexte que nous avons le plaisir de découvrir les nouvelles photographies urbaines nocturnes de Kahori. Cette fois, c’est au Souplex que le photographe s’installera pour présenter la suite de son travail : « Déambulation »
Et qui donc vous guidait ? Qui fut votre lanterne,
pour vous faire sortir de la profonde nuit
Dante, Divine Comédie (Le Purgatoire, chant I)
C’est au cœur de la profonde nuit que s’esquissent et émergent des ombres les photographies de Corentin Lambert, aux heures les plus noires, celles qui se tiennent aux portes de l’aube. À la frontière du vivant.
La frontière a pour elle son caractère invisible, à jamais inaccessible : elle existe sans se faire voir, si bien que, s’en approchant, on l’a déjà traversée. Alors reste-t-il à la contempler. Et, pour Corentin Lambert, à tenter de s’en saisir, ou plutôt à tenter de saisir le double masque qu’elle présente toujours à nous.
Les déambulations s’en font aussi troubles que troublantes et s’emparent souvent d’une ville qui, sans vie, n’en est pas pour autant éteinte. Au contraire : au sein de l’obscurité se révèle à l’obturateur une lumière aigüe, presque aveuglante, qui scande d’or, de magnésium, de fuchsia ou de pétrole une pose à la fois nette et voilée.
À son origine, la déambulation est hallucination, hasard et errance. Si, comme l’écrit Tolkien, « tous ceux qui errent ne sont pas perdus », la perte de soi — de tout repère — est essentielle aux ténèbres. La nuit est territoire d’oubli ; le jour de mémoire. De carrefours en passages, le dédale happe l’œil du photographe, qui conquiert à la dérobée cet au-delà du monde sur lequel règnent en maîtres — passeurs impassibles — quelques rares sentinelles.
Bienvenue dans ce rêve, marge de la frontière qu’offre, à ceux qui se risquent à la frôler, la nuit.
Jérémy Lambert